Le(s) Bailleur(s)

L'une des principales prémisses de l'approche INSPIRED est que la plupart du temps, le dialogue politique est basé sur une certaine forme de conditionnalité. En effet, la logique d'intervention du dialogue politique ne peut être expliquée - et le dialogue politique a peu de chances de réussir - sans prendre en compte, et sans s'appuyer sur, les différents ensembles d'incitations que les donateurs peuvent offrir aux gouvernements partenaires.

Une telle affirmation n'est peut-être pas politiquement correcte, mais il serait dangereusement naïf de négliger l'une des caractéristiques fondamentales de la relation entre les donateurs et les gouvernements partenaires. Celle-ci peut également être formulée en termes de "partenariat" (comme dans les Conclusions du Conseil de 2009, et dans l'ensemble des accords internationaux et de la littérature liés à l'efficacité de l'aide), mais tout le monde sait que chaque fois qu'il existe une relation contractuelle entre partenaires, il y a également des obligations, des attentes, des intérêts et des compromis.

L'irruption de nouveaux acteurs avec leurs méthodes, leurs stratégies et leurs règles du jeu a mis en lumière le fait que la conditionnalité n'est ni bonne ni mauvaise en soi, mais qu'elle dépend plutôt de l'équité des conditions convenues et de l'équilibre des forces entre les deux parties. En fait, une conditionnalité équitable peut être considérée comme une question de responsabilité mutuelle, car elle garantit que les gouvernements en place restent responsables devant leurs électeurs.

En outre, la conditionnalité peut avoir des effets positifs importants lorsqu'il s'agit de soutenir la transformation démocratique et de promouvoir les normes en matière de Droits Humains, car dans de nombreux cas, les détenteurs du pouvoir bénéficiant du statu quo finissent par mener les réformes nécessaires en partie grâce à ce type de pression externe. Un bon exemple de cette dynamique est le SPG+, le régime commercial de l'UE qui offre à un certain nombre de pays un accès préférentiel au marché unique à condition qu'ils ratifient et mettent en œuvre un certain nombre de conventions des Nations unies sur les Droits Humains, les droits du travail et la durabilité environnementale.

C'est dans ce cadre que le programme INSPIRED+ s'est déroulé dans les neuf pays inclus dans le SPG+ (Bolivie, Paraguay, Cabo Verde, Géorgie, Arménie, Kirghizstan, Pakistan, Mongolie et Philippines), où les neuf processus de dialogue INSPIRED respectifs ont abordé les préoccupations concrètes soulevées par les organes de surveillance des conventions de l'ONU et de l'OIT associées au régime commercial préférentiel. La logique était assez simple, du moins en théorie : si les pays voulaient bénéficier d'avantages commerciaux, ils devaient se conformer aux obligations qu'ils avaient contractées en ratifiant ces conventions internationales, dont le but principal est de protéger leurs propres citoyens. Dans la pratique, cependant, les choses se compliquent généralement, car les gouvernements peuvent être désireux de mener des réformes, mais ne disposent pas des ressources ou des capacités nécessaires pour le faire.

Ainsi, au-delà du jeu simpliste de la carotte et du bâton, la conditionnalité est directement liée au type de levier ou de pouvoir doux que l'UE exerce dans ses relations extérieures. Une chose est claire : sans le parrainage de l'UE, la plupart de nos processus de dialogue INSPIRED, si ce n'est tous, n'auraient pas recueilli le type d'attention qu'ils ont suscité et n'auraient guère suscité l'intérêt et atteint les niveaux d'engagement soutenu des parties prenantes les plus puissantes. À bien des égards, l'effet de levier de l'UE a déterminé la portée et l'ambition des sujets qui pouvaient être abordés de manière réaliste par le dialogue, car le système d'incitations sous-jacent n'avait pas toujours l'attrait nécessaire pour contrer d'autres types de pression. Comme l'a dit un officiell kirghize : "Le SPG+ est comme une étoile, grande et brillante mais trop lointaine pour nous". Dans ce cas, le dialogue politique peut encore réussir, mais il devra se concentrer sur des questions moins litigieuses et s'efforcer de trouver d'autres incitations pour mobiliser les acteurs clés et surmonter leur résistance au changement.

Tout en laissant le centre de la scène aux parties prenantes nationales, les donateurs ont cinq rôles clés à jouer dans un processus de dialogue INSPIRED. S'ils sont bien joués, ces rôles permettent au Bailleur de s'assurer que le processus de dialogue est (a) inclusif et participatif, et (b) orienté vers les politiques, les processus et les partenariats.

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